Aussi petit soit-il: je suis un soignant différent

Dans le quotidien, cette vie de tous les jours, je me surprends à me demander ce que je fais là…

girl-heart-love-vintage-Favim.com-120615Pourquoi ai-je choisis un métier si exigeant ?
En vérité ce n’est pas tant qu’il est exigeant, mais il s’agit plutôt d’un métier qui m’ignore, un métier qui m’oublie… Comment avons nous pu choisir de nous investir dans une profession qui ressemble bien souvent à TOUT, SAUF à ce que l’on aurait au minimum pu espérer. Et le pire, c’est qu’au minimum on s’en doutait ! Nous voilà donc nombreux à être en souffrance. Chaque jour je tente de trouver des moyens d’esquiver ce que les autres tentent de harponner, de crisper, de cristalliser sur moi ; eh oui quand notre souffrance intérieure n’a plus de frontière, pas même celle de notre enveloppe corporelle ! eh bien cela déborde… Et cela coule sur vous, cela se répand, cela essaye de vous atteindre à l’intérieur de vous. Fragiles, nous avons tous cette vague impression qu’au début nous allons apporter notre touche au travail commun, si petite soit-elle. Et avant d’avoir dit ouf, se sont les autres qui vous touchent, que vous laissez toucher et approcher dans votre travail, vos envies, votre motivation. Bien souvent sans comprendre ni pourquoi, ni comment on se retrouve à suivre un mouvement, un élan auquel nous n’aurions pas voulu nous mêler au départ.

Nous sommes bons chaque jour à être intolérants à nos faux pas, à nos erreurs, aussi petites et aussi ridicules soient-elles. Nous nous fatiguons nous-mêmes à nous regarder, avec une impartialité que l’on croit juste et objective. Notre critique intérieur est bien souvent notre pire ennemi. Il est tout sauf un critique constructif. Lorsque nous sommes prisonniers de nos maux, nous accordons peu de crédit à ces belles choses que nous réalisons au quotidien. On se laisse aller alors à la dépendance de la conception qu’a l’autre sur nos propres gestes, et façons de faire. Nous doutons tellement de nous-mêmes. Nous avons souvent besoin d’être rassurés, d’être remerciés pour ce que nous faisons. Or, prenons nous la peine de nous rassurer nous-mêmes, de nous souffler dans l’oreille que nous sommes fiers de nous, et enfin de nous remercier. Nous sommes les premiers spectateurs de nos actes, de nos paroles, nous devrions donc être les premiers à nous applaudir. Quand nous ne sommes pas fiers de ce que nous avons fait, quand nous avons l’impression qu’il n’y a eu que ça, que nous avons tout raté, que nous n’avons rien compris, que nous avons malmené parfois l’autre, le collègue ou le patient. Oui ça nous a pourris la journée, oui on n’aurait peut être pas du le faire… Mais n’avons nous fait que cela de notre journée ? En dehors de ruminer, de se dire que c’est une sale journée, est-ce que cela ne vaudrait pas la peine de se demander à la fin de cette dure journée : mais qu’est-ce que j’ai réussi aujourd’hui ? qu’est-ce que j’ai bien fait ? Là aussi soyez tout aussi intransigeant, aussi minutieux, aussi petit soit-il, vous verrez que tout ce que vous avez fait aujourd’hui est plus rempli de bonnes choses. Pour nos petites médiocrités quotidiennes ^^ , il faut se dire que vous pouvez changer ça, le faire d’une autre façon, avec un esprit tourné différemment vers votre tâche.

Un petit conseil : en fin de journée, avant de vous coucher, écrivez-vous 3 choses que vous avez bien faites aujourd’hui 🙂 Vous vous coucherez plus serein, et un peu plus fiers de vous… parce que vous le valez bien !

R.

4 réflexions sur “Aussi petit soit-il: je suis un soignant différent

  1. Bonjour,
    ce que tu dis me touche beaucoup car je ressens la même chose mais j’avais cru que j’étais la seule à le sentir, à le penser. Je me disais comment ai-je pu faire un tel choix de carrière, comment ai-je pu me tromper autant sur ce métier? je croyais avoir choisi un métier humaniste et je me retrouve avec un métier où règne une violence inouïe. Je trouve le fait de se regrouper au sein du mouvement ni bonne ni nonne,ni pigeonne est un bon début.

    A bientôt caroline

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    1. Il faut nous réunir pour avancer mais il faut nous réunir dans le coeur de nos métiers et dans le sens altruiste de notre métier de soignants 😉 Merci de continuer à me lire !

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